Et pourtant ! Nous sommes tellement nombreux et nombreuses dans nos villes, dans notre pays.
En lisant des textes qui se passent au moyen-âge, par exemple Montaillou au XIII^e siècle, on se rend compte de ce que pouvait être une société à 10 ou 15 millions d’habitants.
Il ne s’agit pas que de ressources disponibles pour vivre, ou de notre empreinte sur le monde et sur nos campagnes - je pense à Tristes Campagnes de Charbonneau. Il s’agit simplement qu’il y a moins de gens. Donc ceux qui sont là sont plus proches. On se connaît. Les postes de pouvoir sont plus nombreux, proportionnellement, et recouvrent moins de gens. Ce n’est pas pareil d’être chef de 250 habitants que de 250 000 habitants...
Et les déplacements ? Plus d’espaces vides, que des territoires marqués par l’empreinte humaine. Alors oui, c’est plus facile de se déplacer. On ne craint plus de traverser les forêts où il pourrait y avoir des loups, des brigands, de l’inconnu.
Mais beaucoup de monde, est-ce que cela veut dire plus de talents ? Plus d’artistes ? Plus de personnes meilleures ? Mais aussi - ou surtout - plus de personnes malveillantes. Pourquoi n’arrivons-nous pas à offrir une bonne vie à chacun ? Une éducation bienveillante, de l’amour et du respect ?
Comment parler de cela ? Et faut-il en parler ? Quelles seraient les conséquences d’une diminution de la population de 50%, 75% sur terre ?
Certaines innovations techniques nécessitent une population suffisante, comme les réseaux de chaleur. Avons-nous, humains, une taille de population nécessaire pour vivre ?
Il ne s’agit pas d’idéaliser le passé : les découvertes sur la santé, la compréhension de l’esprit humain, sur notre place parmi le vivant, sont précieuses.