De la candidature osée, et au débotté de René Dumont à l’arrivée près des hautes sphères du pouvoir, sans totalement l’atteindre, le chemin de l’ancrage de l’écologie dans la politique a été façonné par des figures telles que Dominique Voynet ou Cécile Duflot.

Quelles leçons en retenir ?

L’écologie politique est bien plus vaste que la protection de la nature, de par sa constitution au départ. Certes, les associations environnementales sont très présentes, mais également celles de préservation des droits humains, les pacifistes et les féministes.

Certaines origines anarchistes et les luttes de terrain environnementales (nucléaire, préservation des terres naturelles, biodiversité, climat) entraîne un rejet de l’étatisme, de la centralisation.
C’est aussi une volonté de contrôle démocratique et citoyen, au plus près des gens, et non par délégation, par la croyance d’une émancipation globale qui permet à chacune et chacun de prendre part à la politique.

Sur l’exercice du pouvoir, l’écologie est encore minoritaire, et a dû s’allier avec d’autres partis. Des partis de gauche en général, mais pour les socialistes au pouvoir (président, ministres, voire corps étatiques), l’écologie est clairement dénigrée, et les écologistes méprisés.

Dans ces conditions, comment gouverner ensemble ?

Depuis 2019 et la montée de l’écologisme, les socialistes ont un peu trop rapidement demandé aux écologistes de passer l’éponge sur la façon dont ils et elles ont été malmenés, tant dans les négociations que dans l’exercice du pouvoir.
Comment croire un tel revirement ? D’autant que les pratiques, elles, restent les mêmes : barrage aux candidatures écologistes (Sandra Regol pour la législative), piétinement des accords (élections municipales de Lille et Strasbourg, élection d’Esther Benbassa à la présidence du groupe au Sénat).
Notons que certains écologistes ont cru, croient encore, que pour gagner de la respectabilité auprès des partenaires politiques, il est nécessaire d’avoir des pratiques de manipulations, « magouilles », et tromperie, calquées sur certaines pratiques socialistes.
Espérons que ces pratiques restent – ou deviennent – minoritaires, et qu’Europe Écologie Les Verts arrivent à gagner grâce à une politique différente, ou tout simplement une politique qui devrait être normale.
Pourtant, il apparaît nécessaire de développer des stratégies politiques. Pas seulement des tactiques, mais des visions de plus long terme.

Les pratiques régionalisées amènent des distorsions entre les réflexions nationales qui ont des stratégies de long terme, et l’application en région, où le faible nombre d’adhésions et la transmission erratique de l’expérience politique amène à des accords politiques mal négociés ou contraire à l’esprit de la stratégie nationale. Soit parce que les les militant.es sont quelques personnes épuisées car débordées (surtout les femmes qui ont 50 % des postes statutairement, mais ne sont que 30 % des adhérent·es), soit parce que quelques personnes expertes en tactiques utilisent le fonctionnement des règles d’EELV pour leur carrière politique, utilisant allègrement des adhérent·es en leur faisant miroiter des postes d’élu·es relativement importants, se gardant les plus prestigieux (sénat, parlement, présidence de région).

Les décisions prises en région sont essentielles, et la colonne vertébrale de la structuration d’Europe Écologie Les Verts, mais il faut garder une structure fédérale qui permette de préserver les abus - et là dessus, nous pouvons gagner en efficacité !

Les chapitres

1. Des écolos dans la nature (1974-1977)
2. Entre l’émergence de Lalonde et les coups de griffes de Mitterand (1977-1981)
3. La naissance des Verts (1981-1984)
4. L’écologie n’est pas à marier, ou comment l’on devient une si jeune vieille fille (1984-1988)
5. Les années fastes (1988-1993)
6. La rose et l’épine (1988-1993)
7. Voynet ou l’ancrage à gauche (1993-1997)
8. Le difficile exercice du pouvoir (1993-1997)
9. De l’air (1999-2002)
10. Du courant alternatif au court-circuit (2002-2007)
11. Europe Écologie Les Verts ou le D-Day du mouvement (2007-2012)
12. Un si long supplice (2012-2017)
13. Pour l’écologie, il n’y aura pas d’Hulot de consolation (2017-2018)