Quand les idées de gauche sont décidées par la droite

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Retour sur une interview d’Alain Minc dans Libération (mais déjà, pourquoi Minc est interviewé par Libération ?).

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Alain Minc, dans une interview à Libération propose d’intégrer des salariées dans les CA des grandes entreprises. Il propose 10% de salariées, et dit que la gauche devrait proposer 20 à 25%.

C’est merveilleux, la droite ne se cache même plus de donner l’orientation du débat politique. Comme ça, la droite et la gauche ne s’affrontent pas sur un modèle de société, mais où mettre le curseur sur le nombre de salariées dans les CA des entreprises [1] .

Il ne lui viendrait pas à l’idée que si la gauche ne demande pas cela, c’est que la vision des entreprises et de l’économie est si radicalement différente qu’il ne s’agit plus de savoir si les salariées ont voix au chapitre ou pas, mais d’orienter véritablement la stratégie de notre économie.

Bien sûr, il y a la question de la redistribution des ressources via l’impôt, mais également celle de la production.

Aujourd’hui, il n’est plus possible de laisser les entreprises produire tout, n’importe quoi, et n’importe comment.

Nous ne pouvons plus nous permettre de laisser des industries polluer nos sols, abîmer la santé des ouvrieres, vendre des produits toxiques ou — souvent et — fabriqués par des personnes exploitées dans d’autres pays.

Il est urgent que l’État et l’Union Européenne réglementent notre production et la commercialisation des produits.

À celles et ceux qui hurlent à la privation de liberté d’entreprendre, je répondrais que c’est déjà le cas : le tabac et l’alcool sont fortement réglementés, que ce soit sur les lieux de vente, les taxes, ou la limitation d’âge pour l’achat.

Il faut aujourd’hui aller plus loin : interdire la publicité sur les produits polluants et inutiles, taxer plus fortement selon l’impact environnemental, et au contraire diminuer la TVA pour les produits vertueux.

C’est sûr que ça va un peu plus loin que le nombre de salariées au sein du CA des entreprises, mais je ne suis qu’une “petite verte”, comme le dit M. Minc.

[1EELV est pour une représentation de 50% des salariées, comme en Allemagne